Hommage à Robert Badinter à Marseille
Robert Badinter nous a quitté ce 9 février 2024. Ce mercredi 14 février en fin de matinée, magistrats, avocats et greffiers sont venus nombreux sur les marches du Palais de Justice place Monthyon à Marseille. Cette présence témoigne de leur profond respect pour un homme qui a dédié sa vie à la défense des libertés fondamentales.
Robert Badinter, philosophe judiciaire
Difficile de résumer une vie en quelque lignes… celle de Robert Badinter n’échappe pas à la règle, loin de là. Né à Paris en 1928, Robert Badinter s’inscrit au barreau de Paris en 1951, où il débute sa carrière d’avocat comme collaborateur d’Henry Torrès. Il soutient une thèse sur les conflits de droit aux États-Unis et réussit l’agrégation de droit en 1965.
Parallèlement, il milite pour les droits de l’Homme et adhère au Parti socialiste en 1971.
En 1976, grâce à sa plaidoirie contre la peine de mort, il sauve la tête de Patrick Henry, meurtrier d’un garçon de sept ans.
Avocat de la LICRA, la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme, En 1980, il fait condamner le négationniste Robert Faurisson pour diffamation raciale. il fût régulièrement le défenseur de la mémoire de la Shoah.
En 1981, François Mitterrand le nomme Garde des Sceaux, ce qui le conduira à faire abolir la peine de mort la même année (lire le texte intégral du discours de Robert Badinter du 17 septembre 1981 à l’Assemblée Nationale).
En décembre 1982, Robert Badinter a également joué un rôle déterminant pour faire juger Klaus Barbie pour crime contre l’humanité. Il parvient à convaincre François Mitterrand de faire extrader l’ancien chef de la Gestapo lyonnaise de Bolivie.
Dans un tout autre registre, il obtient aussi la dépénalisation des relations homosexuelles entre majeurs de moins de 21 ans.
« Il n’est que temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels comme à tous les autres citoyens dans tant de domaines ! »
Il prit de nombreuses mesures en faveur des droits des victimes et de la condition des détenus.
De 1986 à 2001, il est président du Conseil constitutionnel et deviendra sénateur de 1996 à 2011.
Il est également l’auteur du nouveau code pénal, et d’un projet de Constitution Européenne.
Devant une mission sur la fin de vie à l’Assemblée Nationale, l’ancien garde des sceaux avait affirmé : « La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie »
Hommage au Palais de Justice à Marseille
Le Bâtonnier Mathieu Jacquier ouvre la cérémonie avec ces mots :
« Robert BADINTER est parti vers un repos éternel. Il aura eu mille vies, mille combats, il a été aussi et surtout, Avocat.
Son exemplarité, son érudition, sa sagesse, son humanité nous rendent tous les jours fiers de porter la même robe que lui. Il était pour beaucoup d’entre nous un modèle, il est rentré à jamais dans l’histoire de France.
En septembre 1981 il a été la conscience de la République, son discours, en point d’orgue d’un
combat de 10 ans, a secoué, réveillé l’humanité de l’Etat de droit et l’a marqué à jamais au fer rouge.
Le Barreau de Marseille est profondément triste.
J’adresse toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches. »
Il sera suivi d’un hommage de M. Leurent (président du Tribunal Judiciaire de Marseille) à l’homme de Justice, notamment pour la commémoration des 40 ans de l’assassinat du Juge d’Instruction Pierre Michel le 21 octobre 2021, et de M. Bessone, Procureur de la République.
Le cabinet s’associe à l’émotion suscitée par sa disparition.
Quelques ouvrages de Robert Badinter
- Vladimir Poutine, l’Accusation (avec Bruno Cotte et Alain Pellet)
- L’Exécution, un roman sur la justice des hommes
- L’Abolition, récit de sa lutte acharnée, semé d’embûches et de péripéties
(liens éditions Livre de poche – édition originale Fayard)
Extrait de la cérémonie du 13 février (youtube)
crédits photo : barreau de marseille.